Pain
Un soir d’été, dans le fournil de mon boulanger, les « couches » mises à sécher dans la lumière du couchant, m’ont irrésistiblement attirée comme la scène d’un théâtre où se jouait le commencement du vivant! Ces tissus de lin, qui enveloppent les pâtons ou se plissent autour des baguettes, aident à la fermentation qui se produit au mélange de la farine et de l’eau et au contact de l’air ambiant, en portent les traces, les empreintes et deviennent de véritables suaires du travail du temps, nécessaire à la naissance du levain, magie toujours recommencée.
Un choc, un émerveillement devant ces « tableaux », toujours différents, qui m’a fait aller de fournil en fournil pendant plus de trois ans et remonter la chaine de la fabrication du pain.
« Si la photographe s’attache depuis plus de trente ans à représenter ce qu’elle nomme sobrement les « matières » : linge, marbre, chaux et sable de l’estran, ce n’est pas tant pour en sonder les caractéristiques que pour les transformer en surface de projection propices aux analogies (…) ce que l’on pourrait nommer les « pains à images » de Geneviève Hofman possèdent une force de suggestion avec laquelle seule la parole poétique semble pouvoir rivaliser. »
Héloïse Conesa - Conservatrice pour la photographie à la Bibliothèque Nationale
Un livre a été publié aux Éditions Kéribus en octobre 2015.